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- Symposium - Repenser nos futurs : art et collaboration
- « Éveil/Alive » disponible pour la circulation
- « The Dead Web – La Fin » disponible pour la circulation
2020
2019
- Résidence de réseautage et de prospection pour commissaires
- « The Dead Web – La fin » au Mapping Festival
- « The Dead Web – La fin » au Mirage Festival
2018
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- Molior 15 ans | Publication en ligne sur le site de la Fondation Daniel Langlois
- MIRAGE FESTIVAL
2017
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- Biela Noc 3e édition à Bratislava (Slovaquie)
- Biela Noc 8e édition à Košice (Slovaquie)
2016
- Molior 15 ans | Colloque : Un art contemporain numérique. Conservation, diffusion et marché
- Molior 15 ans | Collecte de fonds
- Molior 15 ans | Rythmes des imaginaires, outils et œuvres technologiques
2014
2012
2011
- TransLife International Triennial of New Media Art 2011
- Fanfare (Ottawa)
- Captatio oculi
- fou de circuits
2010
- Contrainte/Restraint : Nouvelles pratiques en arts médiatiques du Brésil et du Pérou (São Paulo)
- [IR]rationnel
2009
- Contrainte/Restraint : Nouvelles pratiques en arts médiatiques du Brésil et du Pérou (Montréal)
- eARTS BEYOND : Shanghai International Gallery Exhibition of Media Art
- Fanfare (Montréal)
2008
2007
2006
2005
- FILE 2005
- VAE 9 – Festival Internacional de Video/Arte/Electrónico
- Rotoscopic Machines
- Totem sonique (Montréal)
- Silverfish Stream


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Sweeping Spirals
Jean-Pierre Gauthier -
Sweeping Spirals
Jean-Pierre Gauthier -
Stressato : Les serpents samouraïs
Jean-Pierre Gauthier -
Stressato : Les serpents samouraïs
Jean-Pierre Gauthier -
3 Tryphons, installation, Moscou, 2009
NXI Gestatio, photo: Asya Ablogina -
Tryphon, installation, Moscou, 2009
NXI Gestatio, photo: Asya Ablogina -
Living Pod
Ying Gao, photos: Dominique Lafond -
Living Pod (détail)
Ying Gao, photos: Dominique Lafond -
Living Pod (détail)
Ying Gao, photos: Dominique Lafond
FILE - Festival Internacional de Linguagem Eletrônica
L’objet mouvementé
La participation de Molior à FILE 2012 a fait connaître au public brésilien quatre installations remarquables d’artistes québécois qui utilisent les technologies du mouvement. Les œuvres de Ying Gao (associées à l’univers de la mode), de Jean-Pierre Gauthier (entre arts visuels et création sonore) et de Nicolas Reeves (proches de l’architecture et du design) qui ont fait partie de FILE 2012 offrent un riche aperçu de l’étendue des pratiques actuelles dans le domaine de l’art cinétique et robotique au Québec.
Cette sélection s’inscrit dans un contexte qui s’est révélé favorable au développement de telles pratiques, en raison de l’influence qu’ont pu avoir certains artistes québécois renommés et de la formation solide offerte par les universités québécoises dans cet axe de recherche et de création. C’est ainsi que des créateurs tels que Bill Vorn, Louis-Philippe Demers ou Istvan Kantor, pour ne nommer que ceux-là, se sont illustrés sur la scène internationale avec des projets robotiques percutants au fil des ans. Ces artistes ont laissé un héritage stimulant pour plusieurs et mis de l’avant des pistes de réflexion sur les rapports (de force) entre l’homme et la machine. Ils ont également su explorer des dimensions psychologiques et des éléments de scénographie dans leurs installations et leurs performances qui ont eu beaucoup de retentissement dans le milieu de l’art.
À l’heure actuelle, toutefois, on constate que les pratiques dans ce domaine tendent à se démarquer de l’esthétique du robot et de l’anthropomorphisme typiques des projets pionniers de l’art robotique. Les artistes entretiennent des rapports multidimensionnels avec l’univers machinique, le recours aux technologies du mouvement servant à explorer de nombreuses facettes de l’expérience humaine et du monde environnant. Du côté des technologies employées pour produire le mouvement, ils se tournent tout aussi bien vers l’informatique que vers des moyens plus traditionnels (low tech), selon les projets.
Opter pour le mouvement, quelle que soit l’origine technologique, introduit de nouveaux comportements dans le monde matériel et laisse entrevoir des effets de sens inédits. Le passage de la fixité à la mobilité entraîne sans aucun doute une refonte majeure de l’objet et de notre compréhension de celui-ci. Essentiellement, le mouvement insuffle la vie aux choses inertes et remet ainsi en cause leur identité de manière fondamentale. En se mouvant, ces objets d’ordinaire immobiles se rapprochent désormais des organismes vivants. Les œuvres réunies pour FILE expriment certainement, chacune à leur façon, une telle affinité avec le vivant.
Lorsqu’ils se dilatent lentement en réaction à une source lumineuse contrôlée par les visiteurs, les deux vêtements interactifs de Living Pod conçus par Ying Gao paraissent respirer. Leurs composantes internes se gonflent délicatement comme une cage thoracique qui se soulève. La vie semble avoir été transmise aux manteaux par les individus qui les auraient autrefois portés ou fabriqués, la lumière projetée sur eux paraissant réveiller ce lien au vivant, comme par photosynthèse.
Une tout autre qualité organique caractérise Stressato : Les serpents samouraïs de Jean-Pierre Gauthier. L’agitation nerveuse des câbles entortillés sur la table noire à l’approche des visiteurs ressemble plutôt à un mécanisme de défense en réponse à une menace, comparable à celui de l’animal se sentant traqué. Quant à Sweeping Spirals, du même artiste, les mouvements désorganisés et maladroits des balais l’assimilent à une marionnette incontrôlable qui aurait été laissée à elle-même par un maître absent, créature indécise et inefficace devant le travail qui lui a été confié.
Le cube volant de Sommeil paradoxal, de NXI GESTATIO (Nicolas Reeves, David St-Onge et Ghislaine Doté), se déplace lentement et, comme les engins volants imaginés à travers les siècles, s’inspire du monde naturel. Il évoque les animaux en vol stationnaire ou ceux qui se déplacent par écholocation. L’association avec un organisme vivant est renforcée par ses réactions – face au public avec lequel il négocie l’espace ou en réponse à des commandes vocales dans les contextes de performance.
Dans ces quatre installations, la présence d’objets familiers se fait sentir. Que ce soient les manteaux de Gao, la table et les balais de Gauthier ou le cube de Reeves, ils établissent une connexion immédiate avec l’environnement façonné par l’homme. Comme ces objets côtoyés dans la vie quotidienne, ils prolongent la présence humaine dans l’espace. Que nous disent ces objets courants, lorsqu’ils se mettent à bouger de manière improbable?
Parmi les objets présentés dans ces œuvres, les manteaux de Living Pod sont sans doute ceux qui sont le plus liés à l’espace intime. Le vêtement est déposé sur la peau, il la recouvre et l’enveloppe. Nul doute qu’il constitue une extension tout comme une expression de soi. Détaché de l’individu qui le porte, il reste encore investi par sa personne. Réanimés par le spectateur, ces manteaux paraissent réclamer une vie à eux, hors de l’attache corporelle.
Avec les balais dysfonctionnels et la table à dessin agitée, les projets de Jean-Pierre Gauthier interpellent, quant à eux, un espace personnel et domestique. Les gestes usuels qui accompagnent l’entretien ménager ou le dessin nécessitent d’ordinaire une certaine application. Or, ces objets agissent de façon désordonnée et imprévisible, suivant leur propre logique. Par leur conduite débridée, ils affirment une identité propre.
Le cube volant de NXI GESTATIO est sans doute un objet de nature plus conceptuelle que les autres. Avant tout forme géométrique, on l’associe également au domaine de l’architecture dont il est un élément de base. Il appartient aussi bien à l’espace mental qu’à celui du monde bâti, espace tant intérieur qu’extérieur, à la fois privé et public. En se déplaçant au-dessus du sol dans un état qui oscille entre la lévitation sur place et la mobilité, comme suspendu dans un rêve, le cube se libère de la gravité.
Ces objets familiers, faisant partie de nos espaces intime, personnel et mental, sont déjà des créations humaines; le mouvement qui leur est attribué magnifie cette part humaine en les associant au vivant. Le mouvement leur permet aussi d’adopter des comportements qui les engagent dans des actes de nature scénographique. Ils deviennent ainsi des personnages qui, tout en s’appuyant sur leur familiarité première, la réinventent pour apporter des données nouvelles à l’expérience du spectateur. Leurs comportements inattendus cherchent, dans chaque cas, une forme d’affranchissement des codes et une volonté d’autonomie. En accomplissant des gestes imprévisibles et insolites, ils défient les attentes et invitent à revoir le connu sous un jour nouveau. Personnages, ils incarnent une certaine part de nous-mêmes et nous renvoient une image révisée de notre rapport au monde.
Sylvie Parent
Manches à balai, ficelles, moteurs, détecteurs de mouvements.
Moteurs pas à pas, câbles métalliques, contreplaqué, silicone, détecteurs à infrarouges et à ultrasons, microcontrôleurs.
Enceinte de polyuréthane, structure composite, turbines carénées, ordinateur embarqué, diodes électroluminescentes, tubes de polycarbonate, rubans conducteurs, senseurs interactifs.
Cuir, super organza et composants électroniques.