Laurent Lévesque
2023
Miroir, verre, gravure laser.
À la fois objet usuel et matériau, le miroir occupe un statut singulier dans notre écologie relationnelle au réel. Son pouvoir de réflexion en est aussi un de redoublement et donc de représentation. Se regarder dans le reflet d’un miroir, poser les yeux sur soi, c’est aussi tenter de saisir ce qui est à la fois présent à l’intérieur et apparent de l’extérieur : une idée de soi qui puisse traverser la surface tout en s’y inscrivant. Self 1 utilise le motif en damier gris et blanc du « vide numérique » – généralement associé au logiciel Photoshop – gravé sur une surface de verre transparente, laquelle se superpose comme en flottaison sur fond miroir. Le damier de verre poli filtre ainsi une réflexion partielle, où s’hybrident fragments de clarté et d’opacité, tout en suggérant que sur cette surface, il est possible de donner une visibilité à l’invisible. Avec son ratio 16:9, qui est le format officiel international haute définition du numérique – ce HD que suggère une visibilité accrue –, l’œuvre interroge notamment ce que produit l’univers numérique sur notre perception identitaire, et l’effet d’excédent ou, au contraire, de déficit de connaissance de soi, contribuant à nous définir.