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ÉVEIL/ALIVE à SESC Santana

São Paulo, Brésil

Du 13 mars au 1er juin 2014

Présentée au SESC Santana

Produit par SESC SP, Automatica et Molior

Tous les êtres circulent les uns dans les autres (Diderot, Le Rêve de D’Alembert)

L’exposition Éveil/Alive est inspirée d’un moment lointain et primordial, celui de l’origine de la vie, de l’éveil de la matière. Il semble bien qu’aucune théorie actuelle sur ce moment extraordinaire n’arrive à satisfaire complètement la communauté scientifique. L’abiogenèse, étude de la génération de la vie à partir du non-vivant, se penche sur plusieurs hypothèses telles que la soupe primitive, la plus connue parmi tant d’autres. De leur côté, les chercheurs du domaine de la biologie synthétique tentent de produire des formes de vie artificiellement, avec des résultats non concluants. Encore aujourd’hui le passage de l’inorganique au vivant demeure énigmatique et ce mystère continue d’alimenter notre curiosité. Il a été le motif de nombreux efforts pour l’expliquer, le reproduire et l’imaginer.

Bien entendu, les artistes, pour leur part, n’ont pas la prétention de vouloir élucider cette énigme. Elle habite toutefois la réflexion de plusieurs d’entre eux. Faire vivre des matériaux informes ou des objets, qui ne se distinguent pas beaucoup par leur originalité jusqu’au moment où ils sont pris en charge par l’artiste, est une façon de se rapprocher, par analogie, de ce moment où l’inerte devient animé. Le processus de création active ce qui était au repos en attente d’un destin, doté du potentiel de devenir autre chose qui vibre et rejoint le vivant dans celui qui le contemple. Il fait appel à cette étincelle du vivant qui un jour s’est manifestée pour chambouler la tranquillité de la matière.

Certains créateurs, plus spécifiquement, ont recours au mouvement pour apparenter leurs œuvres au vivant d’une manière plus éloquente. La légende du Golem, les statues de Dédale, les films de Frankenstein (« it’s alive ! »), les marionnettes et les automates anthropomorphes, d’hier à aujourd’hui, sont des productions de l’imaginaire qui conçoivent le vivant au moyen du mouvement, en dotant de vie leurs créatures endormies. La figure humaine est la référence par excellence dans ces productions, tant le souhait des hommes d’accomplir ce qu’ils perçoivent comme l’ouvrage ultime du vivant passe par la représentation anthropomorphique. Le parti pris de l’exposition s’écarte grandement de cette tendance. En effet, les œuvres qui ont été choisies pour Éveil/Alive sont plutôt parmi celles qui proposent des formes de vie naissantes et hésitantes, qui s’éloignent de la figure humaine pour revenir aux balbutiements du monde organique.

L’exposition réunit des œuvres cinétiques et robotiques qui utilisent le mouvement pour exprimer le vivant dans ce qu’il a de fondamental. Avec l’aide de technologies diverses, ces œuvres font bouger, remuer, osciller et se déployer leurs composantes de manière à évoquer les processus biologiques et les êtres vivants primitifs. Elles sont de l’ordre de l’avant, du sous ou peut-être de l’intra-humain. Aucune d’elles ne représente même une espèce animale, un organe ou un organisme reconnaissable. Grâce à cette imprécision sémantique et des formes rudimentaires, elles nous plongent dans le secret et l’intimité du vivant.

La vie commence dans le petit. Les grandes arches organiques de Chico MacMurtrie se déploient peut-être dans l’espace de manière à le reconfigurer et à nous incorporer, mais elles partagent néanmoins une affinité formelle avec une architecture intérieure, rappelant celle d’une cellule, d’un muscle ou d’un squelette. Les créatures délicates qui forment l’installation de Steve Daniels sont quant à elles plus à même d’évoquer de petits organismes ou des insectes, par exemple. Elles invitent à un rapprochement, à l’observation et à l’étonnement.

En parcourant l’exposition, on ne sait jamais très bien à quel être unicellulaire, espèce animale primitive ou organe interne on a affaire. On reste dans le petit – soit en raison des dimensions objectives des composantes ou de l’échelle à laquelle elles font allusion – tout en étant progressivement enveloppé par un espace plein et animé. Les créatures effilées de Jane Tingley, agrippées au sol ou aux murs, créent un milieu vivant, une écologie où chaque être est lié aux autres. On peut se demander si les sculptures d’Ingrid Bachmann, de formes et dimensions différentes, figurent un même organisme à divers stades de développement ou dans des postures variées, ou alors des espèces étrangères mais apparentées. Elles forment leur propre univers organique, aux manifestations différenciées par le temps ou l’espace, et invitent à considérer la parenté des êtres vivants.

C’est par des micro-mouvements dans les entrailles de ses sculptures, révélés sous forme sonore dans l’espace environnant par de petits microphones et haut-parleurs, que s’éveillent les œuvres de Jean-Pierre Gauthier. L’ambiance sonore dans laquelle baigne le spectateur et auditeur rappelle un milieu naturel instable en continuelle transformation. Pour sa part, Anima de Paula Gaetano Adi, avec son unique forme au cœur de la pièce où elle se trouve, a la faculté d’embrasser l’espace qui l’entoure et d’aspirer les visiteurs vers elle, tant elle détient un pouvoir d’attraction et de fascination. Cette membrane qui se tend et s’écrase au rythme de sa respiration figure à elle seule un organisme vivant dans sa plus simple expression ; élémentaire dans sa forme comme dans son mouvement, elle a un pouvoir d’expansion qui dépasse ses limites physiques. 

Parmi les mouvements biomimétiques employés par ces œuvres, ceux de la respiration, comme action vitale, se retrouvent dans les œuvres de Gauthier, Gaetano Adi, Bachmann et MacMurtrie au moyen de technologies pneumatiques ou de mécanismes motorisés. Mouvement fondamental s’il en est, la respiration affirme le vivant de manière répétitive et insistante. Les peaux qui se soulèvent et s’abaissent, les poches qui se dilatent et se dégonflent, les tubes qui s’étirent et s’écrasent, les cavités qui se remplissent et se vident dans un rythme lent et soutenu reprennent à leur compte ce moyen élu par la Nature pour se maintenir et exister.

Des mouvements biomécaniques, tout aussi subtils et retenus, caractérisent d’autres projets. Ces gestes simples, au vocabulaire limité, s’inspirent des systèmes biologiques et des processus vivants. Les actions de se dresser et de s’ouvrir (Daniels, Tingley), de glisser, pousser et vibrer (Bachmann, Gauthier), par exemple, manifestent une volonté de prendre part à un environnement, d’atteindre son milieu et d’échanger avec ses semblables. Ces comportements sociaux, associés à la multiplication et à la propagation, symbolisent l’accroissement et la régénération, phénomènes naturels fondamentaux visant la continuité et la survie.

Les œuvres de l’exposition se caractérisent aussi par leur sensibilité. Dotées de capteurs et de dispositifs de rétroaction, elles perçoivent leur environnement et y répondent, parfois de manière instantanée et lisible, à d’autres moments selon une chorégraphie qui nous échappe. Plusieurs sont interactives, d’autres fonctionnent selon leur logique interne et certaines semblent nous ignorer, préférant le repos. Le caractère imprévisible et la diversité de ces actions et réactions se rapprochent de la complexité des comportements adoptés par les organismes vivants. 

Chacune de ces œuvres nous donne accès à tout ce qu’elle est : leur intérieur est exposé, leurs composantes sont à découvert, leur dedans est retourné. Les surfaces (Gaetano Adi, Bachmann, MacMurtrie) sont en vérité des interfaces, puisque ce qu’elles recouvrent n’est pas dissimulé. D’abord, il y a l’air, bien réel quoique invisible et intangible, qui circule dans ces membranes de l’extérieur à l’intérieur, et vice versa. Puis des mécanismes qui, lorsqu’ils ne sont pas apparents, demeurent secondaires, car ici la technique n’est pas une fin en soi. Du reste, on ne sait plus très bien si les enveloppes qu’on nous fait voir figurent des surfaces externes d’organes ou des organismes internes. Chose certaine, nous sommes bel et bien à l’intérieur (de l’extérieur, ou à l’extérieur de l’intérieur). Que dire aussi des fines structures métalliques (endosquelettes ou exosquelettes ?) et des fils apparents dans les œuvres de Daniels, Gauthier et Tingley ? Dépouillées de leurs peaux, ces créatures semblent nous faire voir leurs entrailles. Par divers moyens, ces projets donnent l’impression d’être dans l’intimité du vivant et invitent à établir une connexion avec nos propres fonctions vitales.

Cette mise à nu concerne aussi celle des matériaux et des techniques. De fabrication industrielle, ces composantes ne dissimulent jamais leur origine manufacturée. Ces projets n’entrent pas en compétition avec le monde naturel et à aucun moment ne prétendent concurrencer le vivant. Leur artificialité évidente joue en faveur d’une distance qui les assimile sans équivoque au champ de la fiction, fiction dont la trame se situe au seuil de la vie.

Les œuvres proposent un rapport très physique, immédiat et enveloppant, rapport qui est renouvelé d’un projet à l’autre. Dans ces installations, aucune image ne nous entraîne immédiatement du côté de la représentation. Comme si nous faisions intégralement partie de ces environnements, le recul cognitif ne cherche pas à prendre le dessus. Le flou sémantique et le caractère multiréférentiel des œuvres empêchent aussi la représentation de s’interposer dans le contact avec les projets et l’esprit de se fixer. Cet appel avant tout physique et sensoriel permet au spectateur de s’identifier à elles et de faire l’expérience d’une continuité organique.

Tous les êtres vivants ont une origine commune. Mais nous pouvons aller encore plus loin et concevoir que nous sommes aussi cette matière qui un jour a décidé de s’éveiller. Le vivant est aussi dans le non-vivant, du début de l’Histoire jusqu’à ce moment présent, à travers les objets que nous façonnons et les œuvres d’art que nous créons, dans les restes sédimentés de ceux – quelle que soit leur espèce – qui nous ont précédés, dans l’air que nous respirons.

Sylvie Parent

Sylvie Parent

Sylvie Parent est commissaire indépendante et critique d’art. Elle est impliquée dans le milieu des arts visuels et numériques depuis plus de 30 ans, aussi bien au Québec qu’à l’étranger. Ses expositions ont été présentées au Canada, aux États-Unis, en Italie, au Brésil, en Chine et à Taiwan.

De 2009 à 2014, elle a assuré la direction artistique de Molior, un organisme de diffusion d’expositions sur la scène internationale. Dans le domaine de l’édition, Sylvie Parent a agi comme rédactrice de magazines tels que HorizonZéro (2003-2005) et le Magazine du CIAC (1997-2000), et a contribué à plusieurs revues spécialisées (Parachute, Ciel variable, Espace art actuel, etc.).

Elle est également l’auteure de nombreux essais pour des catalogues d’exposition. Sylvie Parent est récipiendaire du prix Joan-Lowndes (2017) attribué par le Conseil des arts du Canada à un critique ou conservateur d’art indépendant en reconnaissance de la qualité exceptionnelle de son travail.

Chico MacMurtrie / Amorphic Robot Works
Organic Arches

2014

Installation gonflable robotique

Feuilles de Tedlar à haute malléabilité, logiciel (MaxMSP, Ableton Live), matériel électronique (valves, composantes électroniques, raccords conçus sur mesure, connecteurs)

Réalisé spécifiquement pour l’exposition, Organic Arches est un projet d’envergure installé dans le hall du SESC Santana. Il s’agit d’un environnement architectural cinétique qui recompose continuellement l’espace dans lequel il prend place. Conçu avec des technologies pneumatiques, le projet utilise un matériau souple et résistant qui s’adapte aux formes changeantes de l’installation. Animée par l’entrée ou la sortie progressive d’air, la structure se gonfle pour atteindre son déploiement maximal et prendre la forme d’une suite d’arches flottantes. À ses différents stades de développement ou de repliement, l’installation fait voir une configuration aux formes organiques toujours différentes.

Les spectateurs sont accueillis dans l’œuvre ou se placent à l’extérieur de celle-ci et assistent à ses métamorphoses lentes. Le projet crée des correspondances entre structures architecturales ouvertes (arches, cavernes, tunnels) et organiques (squelettes, muscles), les unes étant liées aux autres à mesure que les formes se font ou se défont. Organic Arches mise sur les affinités entre le monde construit et le vivant, invite à passer d’une référence à une autre, à établir des continuités formelles entre les constructions architecturales et l’univers biologique. Le projet s’inspire des processus vivants comme la respiration et la croissance en faisant valoir leur caractère instable et cyclique.

Équipe de Amorphic Robot Works : Chico MacMurtrie (directeur artistique), Luise Kaunert (agent artistique, directrice de projet), Bill Bowen (logiciel, matériel électronique), Mathew Galindo (technicien, composantes gonflables), Zyia Zhang Zhongyuan (technicien, composantes gonflables)

Chico MacMurtrie est un artiste reconnu internationalement pour ses projets de grande envergure, ses performances, ses installations cinétiques et ses sculptures publiques interactives. Il est détenteur d’une maîtrise dans le cadre du programme New Forms and Concepts de l’UCLA.

Depuis 1987, il a largement exposé ses œuvres en Amérique, en Europe et en Asie et a obtenu le soutien de la fondation Rockefeller, du National Endowment for the Arts, de la fondation Daniel Langlois, de la Fundación Telefónica / VIDA, de CEC ArtsLink et de Ars Electronica. Chico MacMurtrie est également le directeur artistique de Amorphic Robot Works (ARW), un collectif qu’il a fondé en 1991 et qui réunit des artistes, des scientifiques et des ingénieurs.

Les installations de MacMurtrie et de ARW ont été présentées à plusieurs occasions, notamment au musée Reina Sofia à Madrid (2008), au National Art Museum of China de Beijing (2008), aux Wood Street Galleries de Pittsburgh (2009), au Museo Universitario Arte Contemporáneo (MUAC) à Mexico City (2009), à la National Gallery of Macedonia à Skopje (2010), lors de l’événement ZERO1 Biennial de San Jose (2010), au Beall Center for Art + Technology à Irvine en Californie (2011), à la Richard L. Nelson Gallery / UC Davis en Californie (2011), à la 9e biennale de Shanghai, au Power Station of Art (2012) et au MOCA de Tucson en Arizona (2013).

http://amorphicrobotworks.org/

Ingrid Bachmann
Pelt (Bestiary)

2012

Installation cinétique et interactive

Caoutchouc néoprène, nylon, acier, moteurs, capteurs, feutre, tubes en fibre de verre, microcontrôleurs

L’installation d’Ingrid Bachmann est composée de plusieurs sculptures fabriquées avec le même matériau, des feuilles de caoutchouc néoprène noir recouvertes de longs brins souples. Ces sculptures rappellent des peaux animales hérissées de poils, des fourrures abondantes, les membranes ciliées des organismes marins ou unicellulaires. À partir d’une matière synthétique, l’artiste réalise des créatures qui renvoient à de multiples références animales.

De formes et de dimensions variées, ces sculptures adoptent des comportements qui les distinguent aussi les unes des autres. Grâce à de petits mécanismes dissimulés à l’intérieur de leur enveloppe, elles bougent de manière à évoquer des êtres vivants. Leurs mouvements, tantôt lents et retenus ou au contraire nerveux et agités, expriment une réalité interne (une fonction vitale ou une émotion) ou une réaction cutanée (d’excitation, de défense ou de protection) à leur environnement. La pilosité contribue à accentuer le caractère sensible de la peau et son rôle d’interface entre l’intérieur et l’extérieur.

Disposées sur des socles, suspendues ou fixées au mur, ces créatures forment une collection d’organismes pseudo-vivants qui s’apparentent aux spécimens exposés en laboratoire, dans les musées d’histoire naturelle, à l’atelier du taxidermiste ou comme trophées de chasse, et témoignent de notre fascination pour le vivant. 

Équipe: Sarah Confort, Dana Dal Bo, Chris Flower, Martin Peach, Jonathan Villeneuve, AF Wauthy 

Remerciements: Conseil des Arts du Canada, FQRSC

Ingrid Bachmann est connue pour ses installations interactives combinant la technologie et des objets du quotidien. Multidisciplinaires, ses travaux relèvent des domaines du textile, de la sculpture et de l’art cinétique. Son utilisation de la technologie vise à la démystifier et à l’humaniser, en y intégrant une dimension sensuelle et émotionnelle destinée à contrer l’aliénation souvent associée à la machine.

Son travail a été exposé au Québec, au Canada et à l’étranger, notamment en Europe à plus d’une reprise. Elle a aussi participé à plusieurs évènements internationaux en arts visuels et numériques. Molior a présenté son travail dans le contexte de Despertar / Éveil / Alive, au Sesc Santana de São Paulo (Brésil) en 2014, Transitions / Transiciones, au Centro Cultural de la Pontificia Universidad Católica del Perú, à Lima, et lors de B/R/T Le corps habité à Montréal en 2007.

Professeure associée à l’Université Concordia (Montréal), Ingrid Bachmann a été membre fondatrice d’Hexagram, un institut interuniversitaire de recherche et de création en arts médiatiques. Elle est directrice de l’Institute of Everyday Life, un laboratoire-atelier sur le quotidien. Elle a été conférencière invitée au Goldsmiths College (Londres), à l’Université de Wollongong (Australie), à l’Université du Maryland (Baltimore) et à l’Art Institute de Chicago.

http://www.ingridbachmann.com/

Jane Tingley
Peripheral Response

2006

Installation Robotique

Acier, électronique, interfaces informatiques et faites sur mesure

Peripheral Response propose un ensemble de sculptures métalliques réparties au sol et sur les murs, reliées entre elles par des réseaux électriques et informatiques. Distinctes dans leurs formes et leurs dimensions, elles évoquent aussi bien les racines ou les branches des arbres que des espèces animales rampantes ou grimpantes. Comme de petites créatures aux bras effilés, elles s’agitent en fonction des déplacements des visiteurs en émettant des claquements qui rappellent des clapotis, des bruits de pas, des cris brefs ou des appels répétitifs de petites bêtes réagissant à leur environnement. Ces êtres hybrides aux structures exposées sont réduits à leur squelette, aux dessins qu’ils produisent dans l’espace pour mieux révéler leurs systèmes et leurs liens fondamentaux.

La référence au système nerveux s’impose aussi devant l’enchevêtrement des fils et des réseaux, comme si l’installation permettait de visualiser les impulsions et échanges interconnectés se produisant à l’intérieur d’un organisme vivant. Les sculptures deviennent des terminaisons ou des carrefours nerveux, chacune étant définie par sa fonction et sa localisation. Quel que soit l’univers évoqué – milieu naturel où se côtoient de multiples espèces végétales et animales ou profondeurs du système nerveux –, l’installation plonge le spectateur dans un monde dépouillé et intime qui exprime l’interdépendance des composantes entre elles.

Équipe: Remerciement spécial à Martin Peach

Remerciements à:  Manitoba arts Council, PEO, CIAM

Détentrice d’une maîtrise de l’Université Concordia (2006), Jane Tingley utilise les nouveaux médias, la sculpture et l’installation dans sa pratique artistique afin d’explorer les idées touchant l’identité et l’expérience contemporaine.

Elle est un des membres fondateurs du collectif Modern Nomads et a participé à plusieurs expositions et festivals au Canada, en Asie et en Europe. Elle faisait partie de l’exposition TransLife – International Triennial of New Media Art au National Art Museum of China de Beijing, a exposé à l’ambassade canadienne et à la galerie Le Déco à Tokyo ainsi qu’au Künstlerhaus de Vienne, et a participé au festival Break 2.3 à Ljubljana en Slovénie et au festival Elektra à Montréal, notamment.

Elle a obtenu le prix Kenneth Finkelstein en sculpture, et a reçu le soutien du Conseil des arts du Manitoba, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada.

http://janetingley.com/

Jean-Pierre Gauthier
Hypoxia (# 3 and #4 )

2011

Installation sonore et cinétique

Tube de métal, haut-parleurs, câbles, moteurs, microphone, amplificateur, compresseur d’aquarium (d’air), gaine tressée extensible, silicone

Les deux sculptures de Jean-Pierre Gauthier présentées dans l’exposition sont des œuvres cinétiques qui utilisent l’air pour créer des effets sonores. Constituées d’un tube en métal courbé auquel sont greffés des réservoirs de silicone ainsi que des circuits électroniques et des réseaux électriques et pneumatiques contrôlant des dispositifs sonores, elles ressemblent à des cors d’harmonie désarticulés de manière fantaisiste. Les mouvements internes des composantes des sculptures produisent des variations d’air qui, une fois captées par de petits microphones, créent des sons surprenants rappelant des bruits naturels (mouvement du vent, chute d’une vague) ou animaliers (piaillements d’oiseaux, cris de petits mammifères). Face à ces œuvres, le spectateur semble se retrouver dans un environnement naturel.

Nombreuses sont les références au monde organique liées aux composantes : tube s’enroulant et se déployant selon un dessin dans l’espace, pouvant évoquer une cage thoracique ou un squelette ; fils rappelant les réseaux nerveux ou sanguins ; gaines se gonflant et se vidant, faisant penser à des poumons ou autres organes vitaux ; petits haut-parleurs s’animant et vibrant, agissant comme des extensions et s’apparentant à des extrémités sensibles comme la bouche ou l’oreille.

Ces sculptures ressemblent à des organismes vivants tout en ne dissimulant pas leur origine fabriquée ni les matériaux industriels et techniques qui les composent. Elles sont des instruments à vent, des aérophones destinés à figurer le vivant par le sonore.

Équipe: David Jacques (tubes de métal), Pascal Audet (Programmation)

Remerciements: Conseil des Arts du Canada 

Jean-Pierre Gauthier poursuit une démarche hybride intégrant les arts visuels et la conception musicale autour d’installations cinétiques ou sonores, d’instruments de musique inventés ou automatisés.

Ses œuvres ont été montrées à travers le Canada, en Europe et en Asie. Une rétrospective de son travail a été présentée au Musée d’art contemporain de Montréal en 2007, puis mise en circulation en Amérique du Nord jusqu’en 2010. Molior a présenté plusieurs de ses œuvres à São Paulo au Brésil, notamment lors du FILE – Festival Internacional de Linguagem Eletrônica en 2012 et dans le cadre de Despertar / Éveil / Alive en 2014.

En 2004, Jean-Pierre Gauthier remporte le prix Sobey pour les arts; l’année suivante, le Conseil des arts du Canada lui remet le Prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton. En 2012, la Ville de Montréal lui accorde le Prix Louis-Comtois. Il est représenté par Ellephant à Montréal et à Toronto.

Le Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée d’art contemporain de Montréal, le Musée des beaux-arts de Montréal et la Art Gallery of Nova Scotia comptent de ses œuvres dans leurs collections. En 2016, comme suite à l’acquisition d’Orchestre à géométrie variable (2013-2014), le Musée d’art contemporain de Montréal l’expose et en documente l’installation afin d’en assurer la conservation.

www.gauthier-jp.com

Paula Gaetano Adi
Anima

2009

Agent robotique autonome

Caoutchouc de silicium, pigments, ventilateur, mécanique et électronique faits sur mesure

Composée d’un seul élément, Anima est une œuvre robotique interactive. Dans l’espace d’installation, les spectateurs se retrouvent face à une forme sphérique allongée et souple qui semble affaissée sur un socle. Lorsqu’ils approchent, l’œuvre se gonfle, puis se met à se contracter et à se dilater à la manière d’un mouvement de respiration, comme si elle se remplissait d’air et se vidait. En se penchant pour la considérer, ils découvrent un orifice unique, petit trou qui s’ouvre et se ferme au rythme de sa « respiration ». Anima est avant tout un robot qui respire, une machine à respirer et dont les états intimes passent par la qualité de cette respiration, longue ou brève, saccadée ou fluide, suspendue ou continue. Anima prend appui sur l’idée que la vie est liée au souffle et propose qu’elle puisse s’exprimer par les caractéristiques de ce souffle.

De couleur chair, l’œuvre peut évoquer un organe interne comme un poumon, un animal marin ou un organisme unicellulaire, sans qu’il soit possible d’identifier ce qu’elle est réellement. Elle est quelque chose de familier, de viscéral, une forme primitive du vivant. Assurément, elle engage un face-à-face avec le visiteur, un dialogue, une communication qui se fait dans un langage corporel et qui le questionne dans sa condition organique.

Née en Argentine, Paula Gaetano Adi est artiste et chercheure dans les domaines de la sculpture, de la performance, et des installations interactives et robotiques. Elle utilise le corps humain et non humain comme point de départ de ses recherches, et s’intéresse aux effets discursifs et aux impacts affectifs des technosciences sur la subjectivité humaine et dans l’art.

Ses œuvres ont été présentées sur la scène internationale à Beijing, Berlin, Madrid, Moscou, Stockholm, São Paulo, New York, Poznan et Buenos Aires, entre autres. Elle a reçu de nombreux prix et bourses, tels que le premier prix à la compétition VIDA 9.0 sur l’art et la vie artificielle, organisée par la Fundación Telefónica, et le premier prix LIMbØ du Musée d’art moderne de Buenos Aires, la bourse Fergus Memorial en 2009 et 2010 de même que la bourse accordée à un artiste ibéro-américain dans le cadre de la compétition VIDA 14.0.

À l’heure actuelle, Paula Gaetano Adi est professeure adjointe dans le programme de Studio Art du College of Visual Arts and Design de l’Université de North Texas, où elle coordonne le secteur réservé aux nouveaux médias. À cette université, elle s’est également jointe au groupe Initiative for Advanced Research in Technology and the Arts (iARTA).

http://paulagaetanoadi.com/

Steve Daniels
Sessile

2008-2011

Moteurs, composants électroniques, CNC cut PVC, ABS et Nylon

Sessile montre plusieurs petits éléments identiques disposés sur un mur. Sensibles à la luminosité, ils sont pourvus de bras qui se dressent en réponse à l’ombre portée du visiteur comme par un mécanisme de défense. Ces petites créatures communiquent aussi les unes avec les autres et ont la capacité de détecter le comportement de leurs semblables, de l’influencer et d’être influencées à leur tour, créant ainsi des boucles de rétroaction qui donnent lieu à des événements parfois déroutants. Le visiteur assiste à un mouvement synchronisé ou alors à un effet de réverbération, comme si le mouvement se déplaçait de l’une à l’autre. À d’autres moments, leurs gestes paraissent chaotiques et difficiles à comprendre. C’est précisément le caractère imprévisible de leurs comportements qui les rend si proches des organismes vivants, en connexion et en adaptation continuelles avec leur environnement.

De par leur apparence délicate et leurs mouvements, ces créatures ressemblent à des insectes. Leur comportement social semble inspiré, lui aussi, de celui des colonies d’abeilles ou de fourmis, chacune étant liée fondamentalement aux autres, comme au sein d’un superorganisme. D’un intérêt individuel limité, les unités gagnent en impact grâce au partage de l’information et à la collaboration. Utilisant les méthodes d’intelligence distribuée donnant naissance à un système de retours en boucle, cette colonie artificielle fonctionne selon sa propre écologie en imitant des processus complexes du monde vivant. 

Steve Daniels emploie les technologies électroniques et les outils de communication pour créer des sculptures cinétiques, des espaces informatisés et des événements en réseau.

Il s’intéresse présentement aux possibilités des instruments sociaux bricolés n’ayant aucune valeur utilitaire. Dans sa pratique, il juxtapose des systèmes issus de connaissances et d’expériences disparates afin de révéler leurs structures et présupposés sous-jacents.

L’artiste a présenté ses œuvres dans plusieurs expositions, galeries et festivals, notamment au Centre des sciences de l’Ontario (Toronto), à Futuresonic (Royaume-Uni), à Dorkbot (Toronto), au Bay Area Maker Faire (États-Unis), à la Galerie d’art d’Ottawa (thelivingeffect), à Elektra (Montréal), à Subtle Technologies (Toronto) et à Common Pulse (Toronto). Récemment, il participait à l’exposition MACHines au Centre des arts d’Enghien-les-Bains (France).

Steve Daniels occupe également un poste de professeur adjoint et le poste de directeur du programme en nouveaux médias à la RTA School de l’Université Ryerson. Il enseigne les médias malléables, l’informatique physique, la téléprésence et les objets en réseau. Il détient une maîtrise de l’Université du Manitoba et est diplômé du programme des médias intégrés de l’OCAD à Toronto.

http://spinningtheweb.org/