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Molior 15 ans | Rythmes des imaginaires, outils et œuvres technologiques

Montréal, Canada

Du 9 au 19 novembre 2016

Commissaire

Marie Perreault

Dans le cadre des évènements soulignant le 15e anniversaire de Molior, l’exposition se penche sur le développement et l’appropriation par les artistes de la technologie, comme en a témoigné l’activité de l’organisme au cours des années. 

La première intuition pour l’exposition s’inspirait d’une recherche de grande envergure menée par Greg Lynn au Centre canadien d’architecture, étudiant les incidences du numérique sur l’architecture, tant pour la production et les œuvres finales que pour leur conservation et le défi qu’elle pose aux institutions muséales1. Le dynamisme de la scène des arts numériques au Québec au cours des dernières années mérite une réflexion tout aussi systématique pour examiner les tenants et les aboutissants de son émergence, de son développement et de son intégration au champ de l’art contemporain2. L’anniversaire d’un organisme de diffusion comme Molior ne nous apparaît cependant pas l’occasion pour ce faire ; on souhaite toutefois qu’on puisse s’y consacrer sous peu. Entre-temps, un retour sur les activités de Molior permet d’exposer les composantes des œuvres qu’il a privilégiées et défendues au cours des années, alors que l’historique de leur présentation, incluant leurs acquisitions par des particuliers ou des institutions muséales, permet de saisir les spécificités de la diffusion de l’art contemporain numérique et d’en cerner les enjeux actuels et à venir. 

D’abord axées sur la présentation d’œuvres d’un ou deux artistes, souvent en dehors de réseaux établis, les activités de Molior se sont rapidement développées autour du propos d’une ou d’un commissaire, en collaboration avec des partenaires de diffusion, sur la scène locale et internationale, ouvrant ses activités à d’autres réseaux que ceux spécifiquement dédiés aux arts numériques, créneau spécialisé auquel ces œuvres ne se voient plus obligatoirement confinées aujourd’hui. Dans ce contexte, les œuvres retenues par Andrée Duchaine, fondatrice de Molior, Sylvie Parent, commissaire invitée, puis directrice artistique de 2009 à 2014, et par d’autres collaborateurs occasionnels, apportaient une réflexion dépassant les effets parfois spectaculaires de la technologie. Leurs propos s’ancraient davantage dans une réflexion sur les rapports étroits que nous entretenons avec les outils numériques, ainsi que sur leur action structurante et dynamique dans une relation réciproque, soit leur agentivité. À cet égard, le corps, l’interactivité, la perception de l’espace et de la durée émergent comme des aspects privilégiés de la production, et les œuvres réunies ici respectent ce parti pris. 

Dans le cadre de la présentation de À l’intérieur/Inside au Third Beijing International New Media Arts Exhibition and Symposium en Chine en 2006, Sylvie Parent a retenu l’œuvre Tact (2001) de Jean Dubois. Tout comme dans l’œuvre Syntonie, montrée ici, cette vidéo interactive se déploie à partir d’une interface tactile permettant une rencontre entre un spectateur et un personnage. Dans Tact, en réaction à nos tâtonnements, le visage d’une femme se précise et se fige, écrasé contre la surface intérieure d’un écran tactile encastré dans un miroir circulaire, laissant cette dernière à la merci de nos gestes exploratoires. Dans Syntonie, aussi de 2001, la gestuelle engage une interaction plus narrative, ne se résumant pas à la rencontre provoquée par l’interface tactile, mais activant des gestes d’invitation du protagoniste et le dévoilement de certaines parties de son corps dans un jeu d’allusions érotiques. Par ailleurs, la présentation du dispositif souligne l’ensemble des relais techniques, notamment les câbles et la tour d’ordinateur, supportant cet échange, mais en contradiction avec sa teneur intime. 

Aussi préoccupée par le corps, Ingrid Bachmann présente Symphony for 54 Shoes (Distant Echoes) dans le cadre de B/R/T Le corps habité présenté par Andrée Duchaine à Montréal en 2007, année de réalisation de l’œuvre. Par le biais d’un mécanisme, l’artiste anime ici un ensemble de 27 paires de souliers usagés selon un rythme aléatoire, contrôlé par ordinateur. Aux mouvements quotidiens ayant usé ces chaussures correspond une activité mécanique dérisoire créant une chorégraphie sonore inusitée. Dans Family (Anxious State) présentée ici, les mouvements de soulier interviennent en réaction aux déplacements du spectateur, créant une ambiance sonore tout aussi étrange, mais évoquant plus directement le rôle d’un individu dans un groupe et les rapports parfois ambigus qui lient les membres d’une même famille. 

L’œuvre Stressato : Les serpents samouraïs (2010) de Jean-Pierre Gauthier, présentée par Sylvie Parent dans le festival FILE3 à São Paulo en 2012, s’inscrit dans un registre sonore similaire, aussi activé par la présence du spectateur. Comme le mentionne la commissaire, le recours au mouvement introduit de nouveaux comportements dans le monde matériel et insuffle un dynamisme à la matière et aux choses d’ordinaire immobiles, les associant à l’ordre du vivant, notamment à des aspects qui échappent à notre contrôle. En cela, l’œuvre revêt un caractère inquiétant. En dépit d’aspects ludiques, l’utilisation de la technologie réveille, voire révèle, nos inquiétudes face à un monde susceptible de s’animer par l’intervention d’un apprenti sorcier. Elle incarne ainsi à la fois les promesses et les menaces qu’on prête souvent à la technique et aux outils numériques. 

Dans un tout autre registre, à l’instar de Chevalier de la résignation infinie (2009) présenté par Molior en 20114, Mandala Naya de la série Le déclin bleu (2002) de Diane Landry crée un jeu d’ombre et de lumière invitant à une contemplation méditative. Ici, le mouvement rotatif d’un mécanisme déplace une source lumineuse au centre d’un panier à lessive bordé de bouteilles en plastique vides. Les ombres portées et les interférences lumineuses créées par ces objets se déploient et se résorbent alternativement à un rythme fluide propre à la méditation, en concordance avec la composition d’ensemble imitant un mandala. Le mouvement perpétuel du moteur renvoie ici à une temporalité autre, associée notamment à la spiritualité. Dans ce contexte, la technologie, le panier à lessive et les bouteilles d’eau vides nous invitent à réévaluer des réalités de notre quotidien, la place qu’y occupe la machine et la routine, ainsi que la satisfaction personnelle réduite à la consommation. 

Par ailleurs, les divers projets de Molior ont aussi abordé l’informatisation de notre environnement. L’œuvre de Luc Courchesne retenue ici, Sublimations : Homme-Femme (2014) réfère à cet univers médiatique. Entre un écran à cristaux liquides suspendu au plafond et un autre déposé au sol, des pastilles de plastique réfléchissent en nuées colorées des images changeantes d’hommes et de femmes. La sublimation réfère ainsi tant à la transformation de leurs corps respectifs en représentations évanescentes et éthérées qu’à la dérivation de la pulsion sexuelle à l’œuvre notamment dans la publicité. À l’opposé des portraits interactifs du début de sa carrière, Luc Courchesne aborde ici l’opacité des médias de communication. Par ailleurs, la présentation recrée l’effet d’immersion d’autres environnements médiatiques de l’artiste ; en associant la communication de masse aux panoramas déployés par ces environnements, elle nous convie à examiner cette réalité. 

À l’instar de l’œuvre de Diane Landry, Machine for Taking Time de David Rokeby affiche aussi un caractère méditatif qu’appuie le fondu enchaîné des images, choisies aléatoirement dans des bases de données issues du balayage de l’est et de l’ouest de Montréal. Aux panoramas de la ville se greffent ainsi des références aux différents moments de la journée au fil des saisons, modulant la couleur et la texture de l’image. Ce renvoi aux cycles naturels évoque une temporalité autre, inscrite dans la constance et la durée, à laquelle s’oppose l’effervescence médiatique de la communication de masse, que représente l’ambition de tout saisir du dispositif d’origine. L’allusion à cette profusion, à notre société scopique marquait aussi le propos de Taken (2002) présentée par Molior en 2007 et 2008. 

Par ailleurs, en introduction au colloque organisé pour souligner le 15e anniversaire de Molior sur les spécificités de la diffusion de l’art contemporain numérique, l’historique de présentation et d’acquisition des œuvres constitue un exemple concret de leurs parcours singuliers, distincts de la trajectoire artistique traditionnelle. Une recherche préalable nous a toutefois permis de constater qu’au cours des dernières années les grandes institutions muséales ont de plus en plus acquis des œuvres faisant appel à la technologie, et que des collectionneurs particuliers s’intéressent maintenant à cette forme d’art. Les œuvres Mandala Naya de Diane Landry et Machine for Taking Time de David Rokeby appartiennent à des institutions muséales, la première au Musée national des beaux-arts du Québec depuis 2008, la seconde récemment acquise par le Musée des beaux-arts du Canada. L’œuvre de Luc Courchesne est quant à elle intégrée à la collection de Debbie Zakaïb et d’Alexandre Taillefer. Les arts numériques ne se trouvent donc plus confinés à des évènements spécialisés, en raison de leurs composantes techniques ou de leur spécificité. En fait, les œuvres recourant à la technologie occupent aujourd’hui une part importante du champ de l’art contemporain, et sont intégrées, voire consacrées, au même titre que d’autres pratiques par des expositions institutionnelles. 

Par ailleurs, au regard du développement d’outils, logiciels ou techniques, ou de prototypes, qu’entraîne souvent la réalisation d’œuvres numériques, le parcours et la conservation de ces œuvres demeurent singuliers, notamment à cause du caractère éminemment variable de la présentation des œuvres. Il en va ainsi de Syntonie de Jean Dubois, qui s’adapte à son contexte de présentation de manière tout à fait particulière, et de l’œuvre Family Anxious State d’Ingrid Bachmann, aussi présentée en pièces détachées, ou à l’état de prototype. La série Le Déclin Bleu de Diane Landry comprend un monotype de Mandala Labrador et une édition de trois de Mandala Naya et Mandala Perrier.

Pour sa part, Machine for Taking Time de David Rokeby s’incarne en plusieurs occurrences comportant chacune une base de données différente, la signature de l’artiste s’appliquant ici autant au dispositif conçu en cours de réalisation qu’à l’œuvre finale. Les installations interactives dont Taken de Rokeby ont également obligé le développement de logiciels de suivi et de traitement vidéo, qui sont mis en vente par le biais de son site. 

Tous ces exemples attestent qu’un art contemporain numérique demeure singulier, et témoignent de la nécessité du colloque qui suivra la présente exposition, initiant un nouveau cycle d’activités indépendantes pour Molior.

[Marie Perrault, commissaire]

Molior souhaite remercier le Conseil des arts du Canada et la fondation Daniel Langlois, ainsi que ses partenaires, le Centre Canadien d’Architecture, Hexagram et le Goethe-Institut pour leur soutien à l’occasion de ces évènements.

Marie Perreault

Critique et commissaire, elle a réalisé au cours des 20 dernières années plusieurs expositions en art contemporain et signé de nombreux essais pour des revues spécialisées et des catalogues.

Elle s’intéresse à l’impact des technologies sous un angle anthropologique et sociologique, ainsi qu’à différents aspects de l’art public. Elle assure également la direction artistique du Symposium de Baie-Saint-Paul. 

Marie Perrault a été chargée de projet pendant plus de douze ans au Service d’intégration des arts à l’architecture du ministère de la Culture et des Communications du Québec. Elle a été directrice du Centre international d’art contemporain. 

Artistes et œuvres

David Rokeby
Machine for Taking Time
2007
 
Installation vidéo haute définition à deux canaux, ordinateur et logiciel
(Édition 1/3)
 
Dimension variable

Commandée par la fondation Daniel Langlois à l’occasion de son 10e anniversaire, l’œuvre consiste en une base de données constituée des 1024 images par jour saisies par chacune des deux caméras balayant respectivement l’est et l’ouest de Montréal, à partir du toit du siège social de la fondation sur le boulevard Saint-Laurent.

L’ensemble représente plus de 750 000 images, projetées de manière aléatoire, mêlant les moments de la journée et des saisons, nous confrontant ainsi au passage du temps. Le recours aux ressources de la base de données rappelle l’œuvre Taken présentée à deux reprises par Molior lors de Transitions/Transiciones à lima au Pérou en 2007 et lors de SYNTHETIC TIMES – Media art China en 2008.

Le Musée des beaux-arts du Canada a acquis en 2016 une édition de Machine for Taking Time, entièrement remaniée pour l’occasion. 

Vit et travaille à Toronto

David Rokeby crée des installations interactives réagissant à la présence du spectateur ou explorant le potentiel de la base de données. Ses œuvres comportent aussi des interfaces permettant de capter et de transformer les mouvements des individus en sons ou en images.

Il expose régulièrement au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Asie, notamment au Beall Center for Art + Technology (Irvine, Californie) en 2015, au Fresnoy – Studio national des arts contemporains (Tourcoing, France) en 2012, et au Whitney Museum of American Art (New York). Il a participé à des évènements internationaux, dont Electrohype 2010 (Ystad, Suède) et le Mois de la photo à Montréal (2009), Transmediale Festival (Berlin, Allemagne) et la Biennale de São Paulo en 2007. Molior a présenté son travail lors de Transitions / Transiciones, au Centro Cultural de la Pontificia Universidad Católica del Perú (PUCP) à Lima en 2007, et lors de SYNTHETIC TIMES – Media Art China 2008 au National Art Museum of China (NAMOC), Beijing.

En 1988, il obtient le Prix Petro-Canada en arts médiatiques. Le Ars Electronica Award of Distinction for Interactive Art (Autriche) lui est remis en 1991, en 1997 (conjointement avec Paul Garrin) et en 2002, année où il reçoit également le Prix du Gouverneur général en arts médiatiques.

Le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée des beaux-arts du Canada, la fondation Daniel Langlois et le Agnes Etherington Art Centre possèdent de ses œuvres. David Rokeby a également réalisé plusieurs œuvres d’art public.

www.davidrokeby.com

Diane Landry
Mandala Labrador, Mandala Naya et Mandala Perrier dans la série Le déclin bleu

2002

Moteurs, objets choisis, aluminium, bois, éclairage halogène, trépied.

« La série Le déclin bleu est composée de trois mandalas différents. Issu d’un mot sanskrit qui signifie « cercle », le mandala est une représentation artistique du cosmos qui, dans les traditions religieuses orientales, est utilisé comme objet de méditation. Recourant à des bouteilles d’eau en plastique telles qu’on en retrouve désormais partout, les mandalas de Landry reprennent ce symbole spirituel sous forme de jeux d’ombres. Chacun de ses mandalas fait appel à un type de bouteille spécifique et porte le nom de la marque d’eau que celle-ci contenait, par exemple Mandala Labrador. Dans Mandala Naya, un panier à lessive entouré de bouteilles d’eau est fixé au mur. Un trépied supportant une lampe attachée à un bras mécanique est placé devant le panier. Au fur et à mesure que le bras avance, la lumière brille à travers les trous du panier et à travers les bouteilles d’eau, créant un jeu d’ombres d’une grande beauté qui s’étend sur le mur. Nous avons intérêt à regarder l’œuvre pendant toute la durée de son cycle d’une minute ; de même qu’avec les mandalas traditionnels, le temps qu’il faut pour entrer en contact avec l’œuvre fait de celle-ci un objet de contemplation. »

Flying School and Mandala Naya [École d’aviation et Mandala Naya], (extrait), brochure, Rice Gallery, 2005.

Projet réalisé lors d’une résidence d’artiste à Cypres, Marseille, échange avec La Chambre Blanche, Québec.

Diane Landry est née en 1958 au Cap-de-la-Madeleine (Canada) ; elle vit et travaille à Québec. Après avoir étudié les sciences naturelles et œuvré dans le domaine de l’agriculture pendant cinq années, elle prend une autre direction à l’âge de 25 ans, estimant qu’il serait plus facile de changer le monde avec une carrière en arts. Diane Landry détient un baccalauréat en arts plastiques de l’Université Laval (1987), à Québec, et une maîtrise en arts plastiques de l’Université Stanford (2006), en Californie.

Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et elle a réalisé des performances au Canada, aux États-Unis, en Amérique latine, en Europe, en Chine et en Australie. Elle a été artiste en résidence à New York, à Montréal, au Banff Centre (Alberta), à Buenos Aires (Argentine), à Marseille (France) et à Utica (New York). En 2009, le Musée d’art de Joliette, au Québec, publiait Les défibrillateurs, monographie soulignant la première rétrospective de son œuvre. Sa première rétrospective aux États-Unis, The Cadence of All Things, a quant à elle été présentée au Cameron Art Museum à Wilmington (Caroline du Nord) en 2013.

Diane Landry a obtenu la bourse de carrière Jean-Paul-Riopelle, offerte par le Conseil des arts et des lettres du Québec, en 2014, ainsi que l’une des prestigieuses bourses de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation à New York en 2015. Ses œuvres font partie de nombreuses collections. Elle est représentée par la Galerie Michel Guimont (Québec), la Carl Solway Gallery (Cincinnati, Ohio) et la VivianeArt Gallery (Calgary).

www.dianelandry.com/

Ingrid Bachmann
Family (Anxious States)

2009

Installation interactive
 
Chaussures usagées, bois, acier, détecteurs, microprocesseurs, solénoïde, circuits électroniques

Cette installation interactive comporte trois éléments, identifiés comme la mère, le père et l’enfant et réagissant à la présence du visiteur.

Ces trois paires de souliers battent la mesure indépendamment les unes des autres, de manière à créer un rythme référant à l’activité d’un individu, mais pouvant devenir peu à peu cacophonique, voire angoissant. Partant du rythme propre à chacun, l’œuvre évoque à la longue l’aliénation qu’expriment des gestes automatiques.

Ingrid Bachmann revisite ainsi le propos de Symphony for 54 Shoes (Symphonie pour 54 souliers), présentée par Molior dans le cadre de l’évènement B/R/T Le corps habité en 2007. 

Programmation et design des circuits : Martin Peach, avec la collaboration de Dana dal Bo, Sarah Comfort, AF Wauthy. 

Vit et travaille à Montréal

Ingrid Bachmann est connue pour ses installations interactives combinant la technologie et des objets du quotidien. Multidisciplinaires, ses travaux relèvent des domaines du textile, de la sculpture et de l’art cinétique. Son utilisation de la technologie vise à la démystifier et à l’humaniser, en y intégrant une dimension sensuelle et émotionnelle destinée à contrer l’aliénation souvent associée à la machine.

Son travail a été exposé au Québec, au Canada et à l’étranger, notamment en Europe à plus d’une reprise. Elle a aussi participé à plusieurs évènements internationaux en arts visuels et numériques. Molior a présenté son travail dans le contexte de Despertar / Éveil / Alive, au Sesc Santana de São Paulo (Brésil) en 2014, Transitions / Transiciones, au Centro Cultural de la Pontificia Universidad Católica del Perú, à Lima, et lors de B/R/T Le corps habité à Montréal en 2007.

Professeure associée à l’Université Concordia (Montréal), Ingrid Bachmann a été membre fondatrice d’Hexagram, un institut interuniversitaire de recherche et de création en arts médiatiques. Elle est directrice de l’Institute of Everyday Life, un laboratoire-atelier sur le quotidien. Elle a été conférencière invitée au Goldsmiths College (Londres), à l’Université de Wollongong (Australie), à l’Université du Maryland (Baltimore) et à l’Art Institute de Chicago.

http://www.ingridbachmann.com/

Jean Dubois
Syntonie
2001
 
Installation vidéo interactive avec écran tactile
 
Dimension et durée variables

 Syntonie est une installation vidéo interactive mettant en relation le spectateur avec un personnage par le truchement d’un écran tactile.

Une interface tactile de l’échelle d’un petit hublot sert ici de lieu d’apprivoisement et de dévoilement. Le spectateur provoque par tâtonnements son vis-à-vis virtuel, dans un rituel convivial non régi par un mode d’emploi préalable.

De son côté, le protagoniste essaie de répondre et d’interpréter les manœuvres de son interlocuteur en mettant en avant une complicité tacite ou un dialogue de sourds. 

Syntonie relève d’une sensibilité similaire à celle manifeste dans l’œuvre Tact (2000-2001) présentée par Molior en Chine en 2009. 

Depuis le début, les recherches de Jean Dubois portent sur les interactions du corps avec les dispositifs techniques, notamment l’écran tactile et la téléphonie cellulaire, ainsi que sur les relations intersubjectives qui les sous-tendent. Son travail mise également sur une textualité combinatoire, autour de mots-valises, de poésies concrètes ou de conversations polyphoniques. 

Ses œuvres ont été montrées dans plusieurs centres d’art, musées, biennales et festivals au Canada et à l’étranger, notamment à la Biennale internationale d’art numérique (Montréal), au CyberFest (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg), à la Biennale de Montréal, à l’Incheon International Digital Art Festival (Corée du Sud) et à l’International Biennial of Media Art (Melbourne). Molior a présenté son tableau vidéo interactif Tact (2000-2001) en 2006 lors de l’exposition À l’intérieur / Inside, conçue par Sylvie Parent pour le Third Beijing International New Media Arts Exhibition and Symposium au Millenium Museum, puis en 2009 dans le cadre de eARTS BEYOND: Shanghai International Gallery Exhibition of Media Art, sous la direction artistique de Zhang Ga. 

Jean Dubois enseigne à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal, où jusqu’à tout récemment il agissait comme vice-doyen à la recherche et à la création. Il figure également parmi les membres fondateurs d’Hexagram, un institut interuniversitaire de recherche et de création en arts médiatiques, et a présidé le conseil d’administration de Vox. Centre de l’image contemporaine. 

Jean-Pierre Gauthier
Stressato : Les serpents samouraïs
2010
 
Installation cinétique
 
Moteurs pas à pas, câbles métalliques, contreplaqué, silicone, détecteurs à infrarouges et à ultrasons, microcontrôleurs
 
36 x 182 x 119 cm

Sur un grand panneau surélevé recouvert de « peinture gestuelle » rappelant par sa texture certains tableaux noir et blanc de Paul-Émile Borduas, des câbles métalliques s’agitent dans toutes les directions à l’approche du spectateur.

Ils se tordent et s’entremêlent de manière inattendue, leurs mouvements imprévisibles résultant de la tension qu’imposent les moteurs au matériau. L’œuvre revêt ainsi un caractère angoissant. S’ajoutent à cette expérience inconfortable les claquements parfois subits des câbles sur le boitier de présentation et les bruits des moteurs, le tout composant une expérience sonore singulière.

En 2012, Molior a présenté cette œuvre au FILE – Festival Internacional de Linguagen Eletrônica à São Paulo. 

Programmation C++ : Jason Cook

Jean-Pierre Gauthier poursuit une démarche hybride intégrant les arts visuels et la conception musicale autour d’installations cinétiques ou sonores, d’instruments de musique inventés ou automatisés.

Ses œuvres ont été montrées à travers le Canada, en Europe et en Asie. Une rétrospective de son travail a été présentée au Musée d’art contemporain de Montréal en 2007, puis mise en circulation en Amérique du Nord jusqu’en 2010. Molior a présenté plusieurs de ses œuvres à São Paulo au Brésil, notamment lors du FILE – Festival Internacional de Linguagem Eletrônica en 2012 et dans le cadre de Despertar / Éveil / Alive en 2014.

En 2004, Jean-Pierre Gauthier remporte le prix Sobey pour les arts; l’année suivante, le Conseil des arts du Canada lui remet le Prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton. En 2012, la Ville de Montréal lui accorde le Prix Louis-Comtois. Il est représenté par Ellephant à Montréal et à Toronto.

Le Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée d’art contemporain de Montréal, le Musée des beaux-arts de Montréal et la Art Gallery of Nova Scotia comptent de ses œuvres dans leurs collections. En 2016, comme suite à l’acquisition d’Orchestre à géométrie variable (2013-2014), le Musée d’art contemporain de Montréal l’expose et en documente l’installation afin d’en assurer la conservation.

www.gauthier-jp.com

Luc Courchesne
Sublimations : Homme-Femme
2014
 
Installation vidéo

Écrans LCD (2), tiges métalliques et pastilles réfléchissantes en plastique

Hauteur variable x 178 x 77 cm

Cette installation vidéo comporte un écran plat suspendu, face à un autre déposé au sol. L’image diffusée par ces derniers se reflète sur une multitude de pastilles fixées à des tiges métalliques suspendues dans l’espace qui les sépare.

L’œuvre recrée une expérience d’immersion transposée de manière à référer à un environnement médiatique, marqué par l’omniprésence de l’écran comme dispositif autant que comme communication de masse. L’installation rappelle le dispositif immersif de T’es où ?, présentée par Molior notamment en 2008.

Elle a été acquise dès sa première présentation à la galerie Pierre-François Ouellette Art contemporain en 2014. 

Luc Courchesne fait figure de pionnier dans le domaine des arts numériques. Il adopte rapidement les technologies informatiques afin de réaliser des portraits vidéo conversationnels. Il rend ensuite le paysage sous forme d’images « panoscopiques » permettant une immersion visuelle. Ses travaux récents consistent en des dispositifs expérienciels associant l’espace virtuel à un horizon d’interactions humaines, des installations immersives interactives, et des œuvres explorant l’expérience de télé-présence. 

Son travail est montré régulièrement au Canada et à l’étranger et il a participé à plusieurs évènements majeurs. En 1997, il a reçu le grand prix de la première biennale du NTT InterCommunication Center de Tokyo et, en 1999, l’Award of Distinction dans la catégorie « Interactive Art » des Prix Ars Electronica à Linz, en Autriche. Molior a présenté son travail à eARTS BEYOND: Shanghai International Gallery Exhibition of Media Art en 2009 et à SYNTHETIC TIMES – Media Art China 2008, au National Art Museum of China (NAMOC) de Beijing.  

Professeur honoraire de l’Université de Montréal, Luc Courchesne est aussi membre fondateur de la Société des arts technologiques, codirecteur du SAT | Métalab et membre de l’Académie royale des arts du Canada. Il est représenté par la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain. 

Ses œuvres comptent parmi des collections privées et celles de plusieurs institutions publiques, notamment le Musée des beaux-arts du Canada, qui possède une de ses installations interactives.